Classement DPE : décryptage des 7 classes énergie-climat
Votre logement est-il un gouffre énergétique ou un modèle d’efficacité ? Le classement Diagnostic Performance Energétique (DPE) répond à cette question avec une simple lettre de A à G+. Mais derrière cette notation apparemment simple se cachent des enjeux majeurs : interdictions de location, décotes à la vente, factures qui s’envolent. Voici ce qu’il faut vraiment comprendre pour anticiper et optimiser la performance énergétique de votre logement.
En résumé :
- Le classement DPE, de A à G+, évalue consommation énergétique et émissions de CO₂, le plus mauvais des deux critères fixant la note finale.
- Il influence directement la valeur, la possibilité de louer (interdictions progressives des classes G, F puis E) et le montant des factures d’énergie.
- Améliorer sa classe DPE passe par l’isolation, le changement de système de chauffage et des gestes simples, il existe des aides financières pour réduire le reste à charge.
Qu’est ce que les 7 classes Energie-Climat du DPE ?
Le classement DPE divise les logements en 7 catégories selon leur consommation d’énergie et leurs émissions de CO2. La classe A regroupe les champions de l’efficacité énergétique (moins de 70 kWh/m²/an), tandis que la classe G rassemble les passoires thermiques (plus de 420 kWh/m²/an). Entre les deux, chaque lettre correspond à une tranche de consommation précise.
Ce système de lettrage coloré (du vert pour A au rouge pour G) permet de comprendre en un coup d’œil la performance d’un logement. Un appartement classe B consomme environ 500€ de chauffage par an pour 60m². Le même en classe F ? Comptez plutôt 1800€ ! Cette différence explique pourquoi les acheteurs scrutent désormais le DPE avant même de visiter.
Depuis 2021, les seuils ont été modifiés pour mieux refléter la réalité. La méthode 3CL prend en compte l’isolation, le chauffage, mais aussi la localisation et l’altitude. Cette approche plus juste a fait bouger certains logements d’une classe, parfois dans le bon sens, parfois dans le mauvais.
Les seuils précis pour chaque classe
Le Diagnostic de Performance Énergétique classe chaque logement de A à G selon deux critères :
- sa consommation d’énergie primaire (en kWh/m²/an) ;
- ses émissions de gaz à effet de serre (en kg CO₂e/m²/an).
Voici les seuils actuels pour chaque classe. Un logement classe A consomme moins de 70 kWh/m²/an et émet moins de 6 kg de CO2/m²/an. La classe B va de 71 à 110 kWh/m²/an. La classe C, la plus répandue en France, oscille entre 111 et 180 kWh/m²/an.
Tableau récapitulatif des classes du DPE
Classe DPE | Consommation d’énergie (kWh/m²/an) | Émissions de CO₂ (kg CO₂e/m²/an) | Description / niveau de performance | Statut location (loi Climat & Résilience) |
A – Très économe | < 70 | < 6 | Logement très performant, type BBC ou rénovation complète | Location autorisée |
B – Bonne performance | 71 à 110 | 7 à 11 | Logement bien isolé avec un chauffage efficient | Location autorisée |
C – Performance correcte | 111 à 180 | 12 à 30 | Niveau moyen d’un logement récent ou rénové | Location autorisée |
D – Performance moyenne | 181 à 250 | 31 à 50 | Logement standard, isolation partielle | Location autorisée |
E – Logement énergivore | 251 à 330 | 51 à 70 | Factures élevées, isolation insuffisante | Interdiction de louer à partir du 1er janvier 2034 |
F – Forte consommation (passoire thermique) | 331 à 420 | 71 à 100 | Déperditions importantes, gros travaux nécessaires | Interdiction de louer à partir du 1er janvier 2028 |
G – Très énergivore (passoire sévère) | > 420 | > 101 | Très mauvaise performance énergétique | Interdiction de louer à partir du 1er janvier 2025 |
G+ – Logement non décent | > 450 | — | Sous-catégorie des G : consommation extrême | Interdiction de louer depuis le 1er janvier 2023 |
Les classes D et E constituent la moyenne nationale avec respectivement 181-250 et 251-330 kWh/m²/an. C’est à partir de la classe F (331-420 kWh/m²/an) qu’on parle de passoire thermique. La classe G, le bonnet d’âne énergétique, concerne les logements dépassant 420 kWh/m²/an.
L’impact du double seuil énergie/climat
Depuis 2021 : le classement DPE prend en compte deux critères. La consommation d’énergie bien sûr, mais aussi les émissions de gaz à effet de serre. C’est le plus défavorable des deux qui détermine votre classe finale. Un logement chauffé au fioul peut ainsi être pénalisé malgré une isolation correcte.
Exemple :
Pour une maison consommant 200 kWh/m²/an (classe D pour l’énergie) mais émet 55 kg de CO2/m²/an à cause d’une vieille chaudière fioul (classe E pour le climat), le logement sera classé E au DPE, la moins bonne des deux notes. Cette double évaluation pousse à abandonner les énergies fossiles au profit de solutions plus vertes.
Comment le DPE influence la vente et la location d’un logement
Le classement DPE n’est plus un simple indicateur : il conditionne désormais le droit de louer un logement. Voici les échéances à connaître :
- depuis 2023 : les logements consommant plus de 450 kWh/m²/an (catégorie G+) sont considérés comme non décents et interdits de location.
- depuis le 1er janvier 2025 : tous les logements classés G sont interdits à la location.
- à partir du 1er janvier 2028 : l’interdiction s’étendra aux logements classés F.
- à partir du 1er janvier 2034 : les logements classés E ne pourront plus être loués.
Environ 5 millions de logements sont concernés par ces restrictions en France selon l’ADEME.
Le DPE, un critère décisif pour la vente
Pour la vente, l’impact est immédiat sur les prix. Un bien classe F ou G se vend 10 à 20% moins cher qu’un équivalent classe D. Les acheteurs anticipent les travaux obligatoires et négocient dur. Certains biens restent même invendables dans les zones où l’offre est abondante. Les agents immobiliers mettent en avant les classes A et B comme des atouts rares.
Plusieurs établissements proposent des taux préférentiels pour l’achat de logements bien classés (A, B ou C). À l’inverse, certaines banques refusent de financer des passoires énergétiques ou exigent un apport plus important. Le DPE influence directement votre capacité d’emprunt.
Les conséquences pour les propriétaires bailleurs
Pour les bailleurs, depuis août 2022, il est impossible d’augmenter le loyer d’un logement F ou G, même à l’indexation annuelle. Votre rendement locatif est bloqué jusqu’aux travaux. Pire, la vacance locative s’allonge : 45 jours en moyenne pour une passoire contre 20 jours pour un bien classe C.
Les locataires négocient aussi plus facilement une baisse de loyer quand le DPE est mauvais. Ils savent que les charges seront élevées et demandent compensation. Un T3 classe G à 800€/mois peut se négocier à 700€ si le locataire prouve que le chauffage coûte 200€ mensuels en hiver.
Comment améliorer son classement DPE efficacement ?
Pour améliorer votre classement DPE, commencez par identifier les points faibles. Si vous êtes en classe G, visez d’abord la classe E pour avoir de la marge jusqu’en 2034. L’isolation des combles est souvent le plus rentable : 30€/m² investis peuvent faire gagner une classe entière. C’est 30% des déperditions thermiques éliminées d’un coup.
Le remplacement du système de chauffage fait des miracles sur le classement. Passer d’une chaudière fioul à une pompe à chaleur peut faire bondir de 2 ou 3 classes. Pour les petits budgets, des actions simples font la différence. Installer des robinets thermostatiques (30€ pièce) économise 5 à 10% de chauffage. Le calfeutrage des portes et fenêtres (50€ de matériel) réduit les courants d’air. Ces petits gestes cumulés peuvent suffire à passer de G à F ou de F à E.
Les travaux les plus rentables selon votre classe
Si vous êtes classe F, concentrez-vous sur le chauffage et l’eau chaude qui représentent 75% de votre consommation. Un chauffe-eau thermodynamique (2500€) divise par 3 la facture d’eau chaude. Des radiateurs à inertie (3000€ pour un T3) remplacent avantageusement les vieux convecteurs.
Pour une classe E, l’isolation devient prioritaire. Double vitrage performant (150€/m²), isolation des murs par l’intérieur (60€/m²) ou l’extérieur (150€/m²). L’isolation extérieure coûte plus cher mais traite les ponts thermiques et valorise davantage le bien. Visez la classe C, atteignable avec 15 000€ de travaux bien ciblés.
Le cas particulier des petites surfaces
Les studios et petites surfaces souffrent d’un biais de calcul dans le classement DPE. La production d’eau chaude représente une part fixe qui pèse plus lourd au m². Résultat : 34% des logements de moins de 40m² sont classés F ou G contre 17% en moyenne nationale.
Depuis mars 2024, un arrêté a modifié les seuils pour ces petits logements. Un studio peut désormais consommer jusqu’à 500 kWh/m²/an avant d’être classé G+. Cette correction permet à 140 000 studios de sortir du statut de passoire thermique. Si votre studio a été diagnostiqué avant 2024, refaites le calcul, vous pourriez gagner une classe !
Quel est l’impact du classement DPE sur vos factures d’énergie ?
Le classement DPE prédit assez précisément vos factures annuelles. Un logement classé A coûte environ 250€ par an pour 60m² tout compris (chauffage, eau chaude, ventilation). Le même en classe D grimpe à 900€. En classe G, préparez 2400€ ! Ces montants sont des ordres de grandeur calculés sur les prix moyens de l’énergie en 2024.
La différence s’explique par les déperditions thermiques. Une passoire perd 30% de chaleur par le toit, 25% par les murs, 15% par les fenêtres. Vous chauffez littéralement l’extérieur ! Un logement classe B garde sa chaleur grâce à une isolation performante et un système de chauffage efficient. L’investissement dans la rénovation se rentabilise sur les économies réalisées.
Les écarts selon les énergies utilisées
Le type d’énergie influence fortement le classement DPE et les factures. Le gaz reste abordable (0,11€/kWh en 2024) mais émet du CO2. L’électricité coûte plus cher (0,25€/kWh en heures pleines) mais pénalise moins le classement climat si elle est décarbonée.
Le fioul et le propane sont les plus pénalisants, en effet, ils sont chers (0,15€/kWh) et polluants (330g CO2/kWh pour le fioul). Un logement chauffé au fioul a peu de chances de dépasser la classe E. Le bois reste économique (0,05€/kWh en granulés) et neutre en carbone. Une chaudière à granulés moderne peut propulser un logement moyen en classe C.
L’évolution prévisible des coûts
Les écarts de factures entre classes vont se creuser. La taxe carbone augmente chaque année, pénalisant les énergies fossiles. Le gaz a pris +15% en 2023, le fioul +25%. L’électricité, malgré les hausses, reste plus stable grâce au nucléaire français.
Info utile :
Les logements mal classés subissent une double peine : consommation excessive et énergie chère. Un classe G au fioul paiera 3000€/an en 2025 pour 80m², contre 400€ pour un classe B avec pompe à chaleur. Sur 10 ans, c’est 26 000€ d’écart ! De quoi largement financer une rénovation complète.
FAQ : vos questions sur les classes du DPE
Oui, les logements classe E seront interdits à la location au 1er janvier 2034. C’est inscrit dans la loi Climat et Résilience. Vous avez donc 10 ans pour améliorer le classement ou vendre. Les baux en cours ne seront pas résiliés, mais impossible de relouer sans travaux. Cette mesure concerne 2,6 millions de logements, d’où l’importance d’anticiper dès maintenant.
Si votre classement DPE vous paraît faux, vérifiez d’abord les données utilisées (surface, isolation, chauffage). Demandez au diagnostiqueur de justifier ses mesures. S’il y a erreur manifeste, il doit refaire le diagnostic gratuitement. En cas de refus, saisissez son organisme certificateur ou la DGCCRF. Le DPE étant opposable depuis 2021, vous pouvez obtenir réparation devant un tribunal si le préjudice est avéré.
Oui, des simulateurs gratuits permettent d’estimer votre classe énergétique. Ils utilisent la même méthode 3CL que les professionnels mais se basent sur vos déclarations. C’est suffisant pour avoir une idée et identifier les travaux prioritaires. Attention, seul un DPE officiel réalisé par un diagnostiqueur certifié a une valeur légale pour vendre ou louer. Le simulateur reste un excellent point de départ pour préparer sa rénovation.
